Blanc

Hantaï Blanc

Hantaï Simon

(Biatorbágy (Hongrie), 1922 – Paris, 2008)
Blanc, 1974
Huile sur toile
236 × 207 cm
Inv. 2006.10.1

 

LOCALISATION

Après des études à l’École des beaux-arts de Budapest et un voyage en Italie, Simon Hantaï s’installe en France en 1949 où il est remarqué par André Breton, qui l’expose en 1953 dans sa galerie À l’étoile scellée. Le jeune artiste se débarrasse rapidement de cette tutelle pour développer une réflexion inédite sur la pratique picturale visant à réintroduire dans le travail des processus automatiques et à le dépouiller des notions de talent et de savoir-faire.
Proche de l’expression lyrique, Hantaï réalise la série des écritures (Peinture, 1958, musée Fabre) : d’un geste qui retire sur son passage le noir recouvrant la toile, l’artiste révèle une couche colorée sous-jacente, « groupe de signes éclatants, jaune orangé, bleu-vert, ou rouge pur, palpitant dans un espace nocturne » (Geneviève Bonnefoi). Hantaï travaille à la mise au point d’une méthode fondée sur le pliage, dont l’importance peut être comparée à l’invention chez Matisse de la couleur découpée au ciseau. La toile nouée, peinte, puis dénouée, révèle une composition non maîtrisée où le nonpeint a autant d’importance que le peint. La composition, le rapport du plein et du vide, les accords de couleurs se font ainsi à l’insu du peintre, qui travaille à l’aveugle, comme dans la série des Panses (MM III, 1964, musée Fabre). Le motif, taillé tel un diamant par le pliage de la toile et les couleurs appliquées sur chaque facette, apparaît au centre d’une toile laissée vierge de toute intervention.

Tout l’œuvre de Simon Hantaï repose sur le balancement entre ce qui est peint et ce qui ne l’est pas ; dans le Blanc de 1974, le « non peint » a envahi toute la surface ; mais, de même que toute matière est plus constituée de vide que d’atomes, le « non peint » est cet élément actif qui tient le tableau. Le blanc, l’absence, le silence apparaissent comme les mêmes facettes d’un artiste dont la vie et l’œuvre sont étroitement confondues.
Simon Hantaï joue un rôle clef dans la peinture française de l’après-guerre, tant par son œuvre que par son attitude vis-à-vis du monde de l’art. En mettant en avant les enjeux de l’acte pictural, le temps de la création, la place de l’artiste, les interrogations que peindre soulève, il a permis la nécessaire régénération d’une tradition alors singulièrement malmenée. Cette place, centrale pour les générations qui suivent (Supports/Surfaces, Michel Parmentier, et ultérieurement Bernard Piffaretti, Stéphane Bordarier…), est paradoxalement acquise depuis une position marginale, qui devient, à partir de 1982, un retrait. L’œuvre de Simon Hantaï est, depuis, un corpus fini que l’artiste revisite, une matière à réflexion, dont l’importance historique ne fait que croître.